Toute personne qui reçoit un soin doit en même temps être
considéré en tant qu'individu. Cela va de soi et personne ne songe à dire
le contraire. Ce qui ne va pas de soi c'est comment on fait pour y parvenir?
D'un côté les hôpitaux veulent
s'humaniser, de l'autre nous trouverons (même des psy) qui conseillent aux
soignants de "ne pas trop s'investir et garder leur distance avec les
patients".
Certes, pour humaniser, le manque de moyens (temps, matériel,
personnel ...etc) est une difficulté bien réelle.
Mais les
problèmes matériels, quoique importants, occultent d'autres points encore plus
importants sur la communication, la distance, la chaleur humaine.
Nous
observons que même quand il y a plus de temps et de moyens, l'aide n'est pas
forcément de meilleure qualité (en dépit de la volonté de bien faire de
chacun que je ne m'autoriserai pas à remettre en cause)
Tout le monde fait œuvre de bonne volonté mais les discours
contradictoires qui invitent d'un côté à l'humanisation et de l'autre à la
distanciation montrent que certaines confusions demeurent et freinent les
progrès attendus
Pour
humaniser et aider,
on peut être proche sans être
vulnérable:
Être
distinct (ne pas se mettre à la
place), sans être distant. Éviter soigneusement l'empathie
(même si au premier abord cela semble curieux!) afin de vraiment
rencontrer l'autre et l'aider par rapport à la réalité de ce qu'il
ressent et non par rapport à ce que nous imaginons de lui en nous
mettant à sa place. Se mettre à la place est le meilleur moyen de ne
voir que notre imaginaire et d'être inefficace pour l'autre.
Pas
d'affectivité mais beaucoup plus de chaleur
humaine. Différencier l'affectivité et la chaleur humaine est un des points de
fondement sans
lequel nous ne pouvons envisager une aide significative. Il a
toujours été bien vu que pour aider, il ne faut pas
d'affectivité...
mais cela a été confondu à tort avec le fait qu'il ne faudrait pas de
chaleur humaine. Or il faut de la chaleur humaine
qui est une qualité
très différente de l'affectivité.
Savoir
s'ouvrir au malade (pour le comprendre) avant de lui
expliquer. Réhabiliter
la raison de l'autre (la raison de ses ressentis) afin qu'il puisse mieux
nous entendre. Or souvent nous essayons de le ramener à la raison
commune. Un malade qui a peur de se faire opérer s'entendra dire
"tout se passera bien. Il y aura ceci... cela etc..." Or
il a besoin d'abord qu'un lui demande "Qu'est-ce qui vous fait peur
dans cette intervention?" Ce qui le rassure c'est avant tout d'être
entendu!