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4 (suite)

III) Le moment où commence la thérapie

Être thérapeute c'est aller encore un peu plus loin. Dans l'exemple du paragraphe précédent, c'est aider la personne à prendre soin de la femme qu'elle était au moment du décès qu'elle vient d'évoquer. C'est l'aider à prendre soin de cette femme qui a souffert de perdre son amie. C'est réconcilier cette rupture qui l'ampute d'une part de sa vie. C'est l'aider à rendre à cette part d'elle-même, la juste place qu'elle  attend dans son "cœur". C'est accomplir la rencontre de celle qu'elle est avec celle qu'elle était à ce moment de sa vie. C'est la rencontrer (et non pas se la rappeler, la raconter ou redevenir celle-ci).

Structures physique et psychique. Pour comprendre ce mécanisme de réconciliation et de réhabilitation de ce qu’on a été, il est nécessaire de bien comprendre la notion de structure psychique qui cherche à retrouver son intégrité (individualisation). Cette structure psychique cherche à remettre à leur place les pièces manquantes grâce à la pulsion de vie. Celle-ci comporte des analogies avec la structure physique que représente notre corps. J'ai défini plus haut ces notions dans le chapitre structure psychique, structure corporelle.

Avoir conscience de son corps ?  Le corps est ce que nous voyons le mieux. Malgré cela, nous ne savons pas très bien en prendre soin. Nous savons tous que le sport, l'hygiène alimentaire, le sommeil sont nécessaires. Que la pollution, le tabac, l'excès d'alcool ou de chocolat sont néfastes… Mais sommes-nous si raisonnables pour autant ? D'autre part nous sommes peu conscients de notre schéma corporel.

Dans leur jeune âge, les enfants dessinant un homme représentent un "bonhomme patate" où la tête est posée directement sur des jambes avec des bras qui lui sortent juste sous les oreilles! Adulte nous ne le dessinons plus ainsi, mais notre conscience du corps a à peine évolué... la tête tient toujours une place énorme !

Quand une partie du corps fait mal, la tendance est d’essayer de ne pas la sentir. Mais alors cette partie du corps insiste en nous " parlant " avec la douleur… pour que nous ne l’oublions pas et que nous nous en occupions. Il en sera de même des parties de notre vie qui ont souffert.

Avoir conscience de sa structure psychique ? L’esprit se voit moins aisément que le corps. Sa structure n’est plus spatiale mais temporelle. Pourtant elle répond à des règles similaires. Celui que nous sommes s’appuie sur ceux que nous avons été, eux-mêmes posés sur ceux dont nous sommes issus.

Celui que nous sommes correspond à la tête (siège de la volonté et de la décision), on pourrait imaginer que l’adulte que nous avons été correspond au buste, l’enfant aux jambes, le bébé aux chevilles… et le sol aux parents.

Quand il y a douleur, la pulsion de survie et de confort nous pousse à rejeter et maintenir au loin les parts blessées de notre vie. La pulsion de vie nous pousse inconsciemment à les ramener vers nous pour que nous en prenions soin en nous appuyant sur l'expérience acquise depuis l'évènement.

Naître et prendre soin.  Tout le sens de la maïeusthésie est d'aider la personne à accomplir ces naissances restées en suspend. Nous passons de l'aide à la thérapie quand de la "localisation - validation" nous passons à la phase de naissance (réconciliation - individualisation - réhabilitation). c'est quand nous invitons la personne à écouter celle qu'elle était dans la zone retrouvée et à en prendre soin. Cela marque une délimitation précise entre l'aide et la thérapie. L'écoute n'est  pas tout.

 

PSYCHOTHÉRAPIE
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