retour au sommaire

Retour page d'accueil

5 Rencontrer ou régresser?

I) L'écoute et la verbalisation ne sont pas tout

Dire est important. Recevoir une écoute aussi. Les occasion de dire à quelqu'un qui soit capable d'entendre avec une attitude neutre et bienveillante est rare dans la vie. C'est la raison d'être des thérapeutes.

Trop souvent, on imagine que la libération vient de la verbalisation et de l'écoute. Or ce qui est libérateur ce n'est pas l'écoute du thérapeute, mais celle que le patient s'accorde à lui-même. Celle du thérapeute joue un rôle important en ce sens où elle encourage le patient à accepter de s'entendre lui-même avec moins de peur.

La verbalisation est commode pour permettre au thérapeute de guider le patient dans sa recherche, pour l'aider à mieux considérer, mieux percevoir ce qu'il vient d'exprimer... et surtout ce qu'il vient de ressentir. Mais la verbalisation n'est pas libératrice en elle-même. Sauf sur un point : elle permet de clarifier le ressenti en l'exprimant. Mais ce n'est qu'une infime partie de la libération.

Ce qui est vraiment libérateur, c'est la rencontre du patient avec ceux qu'il a été dans son histoire personnelle et avec ceux dont il est issu dans son histoire familiale.

II) Rencontrer et non pas redevenir

De même que nous avions différencié l'accès par la mémoire et celui par le ressenti, dans les accès par le ressenti, nous devons différencier  le fait de rencontrer ceux qu'on a été et celui d'accomplir une régression

La régression n'est pas souhaitable : La régression c'est redevenir celui qu'on a été pour en revivre l'expérience. L'avantage incontestable est d'y exprimer l'émotion de l'époque qui était restée enfermée. Mais cela peut produire des tempêtes émotionnelles qui doivent être canalisées par un thérapeute compétent. D'autre part, revivre l'expérience ne donne pas forcément à celui qu'on a été l'information et l'écoute dont il avait besoin. C'est prendre le risque de replonger dans la blessure sans la guérir. C'est pourquoi le retour sur le passé à quelquefois mauvaise presse. 

Rencontrer ceux qu'on a été et ceux dont on est issu : Il ne s'agit plus de redevenir mais de rencontrer. Celui que nous sommes aujourd'hui, riche de son expérience et de l'aide du thérapeute, rencontre, écoute, renseigne et aide celui que nous avons été dans la zone blessée de notre vie. Cet apparent dédoublement n'en est pas un. C'est plutôt sortir d'une fusion. Celui que nous avons été n'est pas celui que nous sommes, pas plus que notre jambe ou notre main n'est semblable à notre tête... même si le lien entre les deux est évident ! C'est sortir de illusion que nous ne sommes qu'une tête. C'est accomplir une différenciation permettant de rencontrer les autres parties de sa structure psychique. Cette différenciation et cette rencontre permettent de libérer les charges enkystées de façon profonde et durable sans en subir la douleur. A ce sujet, vous pouvez relire le chapitre "la quête des parts manquantes". 

Échange de ressources entre le présent et le passé : Celui que nous sommes souffre généralement de manque de parts de soi mises de côté pour raison de situations ingérables. A l'époque les ressources du moment n'ont pas permis à cette part de soi de surmonter la situation. 

En attendant les réhabilitations, le présent se joue malgré les manques du passé. Habités par de nombreux vides dans notre histoire personnelle ou familiale, nous rencontrons de nombreuses circonstances présentes nous offrant de retrouver ceux que nous avons été ou ceux dont nous sommes issus. Pourtant, comme ces circonstances ravivent les vieilles blessures, elles semblent ennemies. Mais elles sont l'opportunité d'une rencontre inconsciemment attendue.

Le présent devient alors une ressource pour le passé : Nous sommes portés à nous rapprocher malgré nous de ces circonstances antérieures. Les morceaux de notre vie qui nous manquent nous fragilisent, mais comme nous sommes riches de notre expérience actuelle nous pouvons être une ressource pour ceux que nous avons été.

Le passé consolide l'assise du présent : Une fois réhabilité, celui que nous avons été ou ceux dont nous sommes issus viennent trouver leur juste place en nous et consolident l'assise de notre structure psychique. 

Cet aller retour entre le passé et le présent est un échange de bons procédés. Celui que nous sommes, riche de son expérience devient une ressource pour celui que nous avons été, qui a son tour, en  existant consolide l'assise de celui que nous sommes aujourd'hui.

 

 

PSYCHOTHÉRAPIE
Chapitre en cours : 5 sur 8

Précédant
III

Suivant 
6 - 7 - 8

retour au sommaire