Pour tous, la vie commence par une mère et un père. Même si pour diverses
raisons ils ont, ou n'ont pas, tenu le rôle de parents... nous
n'échappons pas au fait d'avoir eu au moins des géniteurs.
Ce début de la vie qui commence dans le ventre de la mère peut être
serein ou tumultueux. Pour des raisons qui appartiennent à sa vie de femme,
la mère sera ou non dans l'accueil de l'enfant qu'elle porte. Quand
elle ne l'accueille pas, même si cela est
extrêmement dommageable pour l'enfant, cette
femme ne doit pas être jugée car une vie, ce n'est pas si simple.
Son attitude s'inscrit dans une histoire qui commence
aussi pour elle au moins depuis sa propre conception!
Ce serait une grave erreur de chercher un coupable responsable de nos
misères. Nous avons besoin de nos parents... même
quand ils n'ont pas été de "bons parents".
Nous remarquerons que souvent même les enfants
maltraités ont besoin de dire leur douleur... mais ne
souhaitent pas qu'on rejette leur parents.
Même si nous trouvons aussi des cas extrêmes, surprenants, comme celui de certains adultes aux USA,
qui font une thérapie pour pouvoir ensuite faire un procès à leurs parents,
nous devons rester très réservés à propos de toute démarche où l'on
rejette ses ascendants pour se libérer. Il ne faut
pas confondre fuir et s'individualiser!
L'expérience montre que de
rejeter ses parents revient à détruire la
base sur laquelle on se tient. Il est maladroit
de scier la branche sur laquelle on est assis sous prétexte que celle-ci est
trop fragile pour nous porter!
La pulsion de confort
nous fait rejeter cette branche quand elle
est insatisfaisante (surtout à l'adolescence).
La pulsion
de vie, qui finit toujours par nous
rattraper, nous pousse au contraire à réhabiliter cette branche pour la consolider.
C'est une des raisons pour lesquelles nous
nous retrouvons, une fois adulte, à adopter certaines des attitudes que nous
avons tant reprochées à nos parents. C'est
pour mieux les comprendre... de l'intérieur! Ou parfois nous épousons
quelqu'un qui leur ressemble avec une analogie étonnante sur les
"points qui fâchent"... afin d'apprendre à les aimer! Ou bien, mieux encore, nous aurons chez nos enfants quelques traits de caractère rappelant ceux des
parents rejetés.
Ces "inconvénients" chez soi ou chez
notre (ou nos) enfant(s) peuvent sembler venir de l'hérédité ou
d'apprentissages familiaux par observation inconsciente de modèles. C'est
certainement en partie vrai. Mais le projet de
réhabilitation semble bien plus dominant dans la plupart des cas.
C'est du moins ce que j'observe en thérapie, car c'est ce qui conduit aux
résultats de libération rapides et durables.
Ces quêtes de consolidation nous conduisent à des
interactions systémiques qui amènent le groupe familial à
s'organiser inconsciemment, de telle sorte que chacun montre à l'autre ce qui
lui est nécessaire et réciproquement.
Il arrive même que celui qui a l'air d'avoir un
problème n'ait en fait aucun problème! Il adopte simplement
inconsciemment une attitude "thérapeutique" pour l'autre. Quand je
dis thérapeutique je veux dire par là "le conduisant vers les zones à
réhabiliter de son existence"
Il arrive même que des réparations de "blessures" (réparations
de "manques en attente d'être comblés"), traversent les
générations. Nous observons alors des
"répétitions" de situations analogues au cours des différentes
strates de l'arbre généalogique... jusqu'à ce que quelqu'un
sache en accomplir l'accueil.
Cela nous conduit à considérer la vie familiale dans un sens large puisque
chacun joue consciemment ou non un rôle pour l'autre,
et ce, sur plusieurs générations.
Au delà de tout cela, il y a quand même de nombreux aspects de
communication immédiate à gérer au quotidien avec nos parents, notre
conjoint et nos enfants.