Parfois les parents ont étés maladroits. D'autres fois ils ont même
été très durs ou même violents avec leurs enfants. Il existe même chez
certains des abandons,
des coups, des maltraitances, des incestes.
Que faire de telles situations?
Si aucune situation n'est parfaite, certaines
sont particulièrement douloureuses.
D'abord ne
pas étouffer sa propre douleur pour les protéger: Nous avons
tellement besoin de parents! Même quand ils ont été destructeurs, pour
avoir tout de même des parents, nous risquons de nous convaincre qu'ils
n'étaient pas si mauvais... et que c'est plutôt nous qui ne valions rien!
Il est important de comprendre que leur attitude
trouve son origine dans leur vie d'homme ou de femme, mais pas chez l'enfant
qu'on a été. Cela permet de réhabiliter l'enfant
que nous avons été, de le sortir de
la culpabilité, d'entendre enfin la dimension de la souffrance
qui a été la sienne... sans dévaloriser ses
parents.
ATTENTION! Il
est maladroit de sortir l'enfant de la culpabilité en faisant de ses
parents des
bourreaux. Il est juste qu'il faut sortir de la culpabilité, car
nous avons besoin d'exister... mais comme nous avons aussi
besoin que nos parents existent il ne faut pas en faire des bourreaux. Ceci implique l'étape suivante.
Ensuite
découvrir l'individu qu'ils sont: Pour que leur valeur ne soit
pas diminuée, quand nous avons écouté la douleur de l'enfant que nous
avons été, il est important de prendre
conscience de l'individu qu'ils ont été et de la vie qui fut la leur.
Il faut entendre leur "raison", le fondement de ce qui a fait
leurs réactions, leurs écarts... ou même leurs actes
inacceptables.
Les actes restent
inacceptables, mais les individus qu'ils ont été trouvent leur
place dans notre conscience. Il y a plus de
pertinence à entendre qu'à juger!
Même quand nous ne les connaissons pas, ils existent quand
même. La place
laissée vide dans l'arbre généalogique comporte un nom même si celui-ci ne
peut y être inscrit! L'individu n'est pas connu mais il existe (ou au minimum
a existé). Il est important que cette existence soit validée. Il est important que même des parents inconnus
(quelle qu'en soit la raison) trouvent leur place dans notre histoire.
Par l'exploration des ressentis, certains accès, y compris au prénatal,
peuvent ici jouer un rôle important.
Quand il y a eu abondons, j'ai vu des patients
affirmer leur propre non-valeur afin de protéger celle de leurs parents.
Comme pour eux, une mère n'abandonne pas son enfant, la valeur de la
mère est sauvegardée en renonçant à la leur.
Pour libérer l'enfant devenu adulte, il ne faut surtout pas le convaincre qu'il vaut quelque chose...
car en faisant cela nous détruisons sa mère. Il faut l'aider
plutôt à s'individualiser, à découvrir que l'abandon n'est pas lié à la
valeur de l'enfant mais à la complexité de la vie de femme de sa
mère.
Cette complexité (depuis qu'elle est née) l'a conduite à cet acte
d'abandon qui, s'il reste inacceptable, a une raison. Cette femme a plus
besoin d'être comprise que jugée. Tant que l'enfant n'aura pas accompli
cela, il n'accèdera pas librement à sa propre valeur. S'il le réalise il
pourra alors développer et reconnaître sa propre valeur sans porter atteinte
à celle de sa mère.