Généralement un couple commence par une étape
fusionnelle incontournable. C'est celle de la passion (même si
celle-ci est plus ou moins forte) où chacun est suffisamment aveuglé pour ne
pas vraiment voir l'autre.
Chacun idéalise son conjoint (donc ne le voit
pas) et dans le même temps celui-ci ne se montre
pas vraiment afin d'accroître sa séduction.
Cela les mets dans une délicieuse inconscience
de l'autre qui n'est pas encore de l'amour. L'amour viendra plus
tard... ce n'en est que la phase préparatoire. Il ne faut pas confondre
"aimer l'autre" et "avoir besoin de l'autre"
Cet aveuglement peut sembler une erreur, mais il n'en est rien. Notre
faible capacité à accueillir la différence de l'autre est judicieusement
compensée par cette phase.
Cet aveuglement est d'autant plus nécessaire
qu'il y a chez la personne que l'on "choisit" quelques
"défauts" inattendus. Hormis le fait que personne n'est
parfait (et ce n'est pas vraiment une surprise) ce
qui est étonnant c'est que les défauts, de l'autre apparaissent parfaitement
ajustés à différentes choses que nous avons fuies dans notre existence.
Est-ce de la mal-chance ou de la maladresse? Non au contraire, que d'habileté!
C'est l'opportunité que nous cherchons inconsciemment
pour réhabiliter les zones blessées de notre vie. Nous avions
chassé ces zones par réflexe de survie et de
confort. Nous les recherchons ensuite animé d'une pulsion
de vie qui nous porte à retrouver notre intégrité. Nous
tendons ainsi inconsciemment vers une intégrité de notre structure
psychique morcelée.
Donc curieusement, ce qui nous gène le plus chez
notre conjoint est souvent ce
qu'inconsciemment nous avons spécialement été chercher chez lui.
D'où l'importance de la fascination initiale... sinon nous n'y serions pas
allés!
Quand la passion diminue... ou disparaît, la tendance est de croire que
l'histoire du couple touche a sa fin. Non! Elle commence seulement vraiment. Elle
commence enfin sur le plan de l'amour car
l'amour c'est quand nous aimons l'autre avec sa différence et non pas quand
nous avons besoin de lui pour qu'il compense nos manques (ceci dit,
chacun de nous fait humblement comme il peut, et il est plus important d'être
conscient que d'être faussement parfait!)
A ce stade commence l'apprentissage de l'amour de
l'autre... mais aussi de l'amour de soi.
Ainsi les fameux "défauts", que l'on recherchait sans le savoir
chez lui, apparaissent enfin... avec pour projet de faire naître de l'amour
cette fois ci envers les zones blessées de notre vie (de la part de nous-mêmes,
envers ceux que nous avons été ou ceux dont nous sommes issus)
Quand le couple parvient à traverser avec succès les étapes
ci-dessus, il prend tout son sens. La vie avec l'autre devient alors
source de plénitude et de jouissance. Contrairement à toute attente, il
s'y trouve plus de jouissance que dans la passion! Dans
la passion ce qui était vécu était fort... mais imaginaire.
Ici
ce qui est vécu est ressenti dans la réalité et peut enfin nous
combler. C'est la
même chose qu'autrefois, mais avec en plus un sentiment de plénitude et
d'accomplissement, car ce n'est plus une compensation de vides antérieurs.
Vous pouvez aussi lire
l'article
de février 2001 sur la passion