Alors que de nombreuses approches en communication évoquent l'accusé de réception
et la reformulation nous allons voir que les points de validations sont plus
nombreux. Ils sont au nombre de .
Ces validations et l'art de poser les bonnes questions constituent la base du
guidage
non-directif qui sera aussi employé en psychothérapie
(Chemin découverte "psychothérapie" au chapitre de
l'écoute à la thérapie ) C'est un moyen particulièrement efficace de
ramener l'autre à la raison... à sa raison, à la raison de ce qu'il pense ou
ressent!
Ce guidage non-directif est aussi et surtout une base de la
communication (la communication étant elle-même une base de la thérapie).
Émettre Imaginons
que notre interlocuteur nous adresse une information.
C'est la phase émettre (verbale et non verbale).
En retour nous validerons la réception
de cette information par les 5
points de validation ci-dessous. Ces cinq points
peuvent s'exprimer en verbal et en non verbal ou seulement en non verbal
1
Recevoir (accusé
de réception)
A ce stade nous adresserons en retour un
accusé
de réception attestant que l'information est bien arrivée
jusqu'à nous. Si par exemple nous recevons une phrase, nous pouvons dire que
nous l'avons reçue si nous sommes capables de la répéter. Mais vous noterez qu'on peut
répéter une phrase sans la comprendre.
Donc pour que l'information soit vraiment passée c'est encore insuffisant.
2 Comprendre
(message
de compréhension)
L'étape suivante est "comprendre". Non seulement la phrase est reçue, on
peut la répéter, mais aussi on peut en expliquer le sens. Nous adressons
alors aussi en retour un
message de
compréhension.
Mais on peut très bien comprendre une information et
avoir envie de la rejeter. Alors elle n'est pas vraiment exploitable. Pour que
l'information aboutisse vraiment il faut encore qu'elle soit accueillie. Si on s'arrête à "comprendre" il ne
s'agit que de relation. Nous avons là, la démarcation entre
la communication et la relation! Quand il y a communication, nous continuons
jusqu'à l'étape suivante "accueillir".
3 Accueillir
(Message
d'accueil)
Cette étape est celle de l'accueil de la différence. Elle certifie notre
capacité à accorder à l'autre que son point de vue est juste pour lui
compte tenu de ses références. Nous lui accordons sans réserve qu'il a une
raison (de son point de vue)! Nous lui adressons alors un
message d'accueil.
4 Remercier
(message de gratitude)
Si nous avons besoin de précision, nous devrons lui poser une question.
Une vraie question est une question sans condition de
réponse. Cela est encore plus important que d'envisager des
questions ouvertes, des questions fermées
ou des questions à choix multiple.
Poser une question est un acte
d'humilité. En effet,
mieux vaut alors renoncer à tout pouvoir par le savoir. Poser
une question c'est reconnaître que nous ne savons pas... et que
celui qui sait c'est l'autre. C'est solliciter sa générosité pour qu'il
nous livre ce qu'il sait... car au fond cela ne nous est pas dû !
Quand notre interlocuteur va répondre, nous allons donc recevoir,
comprendre et accueillir
sa réponse... plus le remercier
pour sa réponse. Nous lui adressons donc un
message
de gratitude.
Parti pris de la raison :
Dès la première information reçue (même sans avoir posé de
question) ou dès la première question posée il est essentiel d'accorder à
notre interlocuteur qu'il a une raison, un
fondement pertinent à son point de vue; même s'il ne nous le révèle pas et même si la logique de son point de
vue nous échappe totalement.
Partenariat
systématique : Si nous souhaitons accéder à cette raison,
nous n'avons d'autre ressource que de passer par notre interlocuteur à qui
nous poserons une succession de questions jusqu'à aboutir à un fondement
significatif.
Révélation de
l'intelligence de l'autre. Le but
n'est surtout pas de demander une justification ou une preuve. La confiance
est totale en le fait qu'il y a une raison, même si celle-ci est inconsciente.
Dès que les questions visent à faire se justifier plutôt que de simplement
nous éclairer, celles-ci cessent d'être pertinentes. Il n'y a alors plus
communication mais simplement relation manipulatrice!
Même si la personne ment, elle a une bonne raison de
mentir... et la pertinence des questions le ramène progressivement à
l'information juste!
Ce cheminement se déroule jusqu'à ce qu'il soit possible de
bien cerner la pertinence du point de vue de notre
interlocuteur. Nous sommes
alors en mesure de lui adresser le cinquième point de validation qui est
comme un cliché de l'intelligence de ses propos. C'est le
Message de cohérence.
Exemple :
1
- Je n'aime pas du tout ce bureau (en désignant la pièce)
- D'accord! Qu'est-ce qui te déplait dans ce bureau?
2
- Le mobilier !
- Oui. Tu peux me préciser ce qui te déplait dans ce mobilier ?
3
- Sa forme... Je trouve ces formes agressives!
- C'est vraiment désagréable? (reformulation
vérification)
4
- Oui, très!
- Évidemment, si tu trouves ces formes agressives et que ça t'est aussi
désagréable, je comprends que tu n'aimes pas ce bureau
(message de cohérence)
La reformulation vérification
précède le message de cohérence. Elle est souvent importante car, avant
de donner notre message de cohérence, elle permet de vérifier si ce que
nous avons compris est juste. Elle évite les messages de cohérence
inappropriés.
Si après la réponse 3 nous avions dit directement:
"Si tu n'aimes pas les formes
agressives, je comprends que tu n'aimes pas ce bureau"
Il aurait pu par exemple opposer:
"Si! j'aime beaucoup les formes agressives! C'est
plutôt dynamisant. Mais ce qui me gène dans celles-ci c'est qu'elles sont
destructurantes."
Ce à quoi nous aurions répondu
"C'est le côté déstructurant surtout qui te gène?" (nouvelle
reformulation vérification) pour ensuite,
après sa confirmation lui donner le message de
cohérence correspondant.
Nous aurions aussi pu continuer
en lui demandant "En quoi cet aspect destructurant le touche particulièrement...?"
Ceci pose alors la problématique des seuils
d'indiscrétions car nous pouvons ainsi aller très vite et profondément
vers des raisons personnelles dont l'interlocuteur n'a souvent pas
conscience au départ. Je traiterai un peu plus loin cette notion de seuils
d'indiscrétion qui sont scrupuleusement respectés quand on est
communicant.
Dans ce cheminement vers le message de cohérence, l'enchaînement des
réponses nous conduira à utiliser trois types de questions. Le plus important
est que les questions soient d'abord de vraies
questions sans condition et sans obligation de réponse (accepter de
ne pas savoir à la place de l'autre et ne pas considérer sa réponse comme un
dû).
Ensuite, ces questions peuvent revêtir trois aspects selon la situation:
Question
fermée : C'est une question à laquelle on ne peut répondre que
par oui ou par non. Exemple : Aimes-tu ce bureau?
Question
ouverte : C'est une question qui appelle une réponse
détaillée. Exemple : Que penses-tu de ce bureau ?
Question
à choix multiple : C'est une question demandant de
"cocher" la bonne réponse. Exemple : après que la personne ait
dit que le bureau lui plait on lui demande : qu'est-ce qui te plait ?
est-ce le mobilier, l'organisation, la décoration ... ou autre chose?
Bon
usage de ces types de question selon la situation:
Plus l'interlocuteur a des
difficultés à préciser sa pensée, plus il est souhaitable de commencer
par une question
fermée. La réponse "oui" ou "non" ne bloque pas l'échange, au
contraire elle permet ensuite d'enchaîner sur une
question
ouverte. Quand l'interlocuteur a encore un peu de mal à répondre,
on posera plutôt une question à choix multiple
avant de revenir à une question ouverte.
C'est une grave erreur de croire
que la question ouverte est systématiquement préférable et qu'une question
fermée limite l'échange.
Poser une
question ouverte à un interlocuteur qui n'a pas structuré sa pensée sur le
thème demandé est très bloquant. Une question fermée sera
préférable pour débloquer l'échange. La question
fermée permet d'ouvrir l'échange! Après qu'il ait répondu
"oui" ou "non" il est plus aisé pour l'interlocuteur de
trouver des précisions supplémentaires qui fondent son point de vue.
Quand l'interlocuteur a les
précisions déjà structurées et disponibles à l'esprit, la question peut
aussi bien être ouverte ou fermée. Les deux fonctionneront. Mais la question
ouverte dans ce cas permettra d'arriver plus vite à l'information souhaitée.
Dans
tous les cas de figure, le point fondamental est que la question soit
d'abord sans condition de réponse!