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5 Ne jamais se mettre à la place

I) Le piège de l'empathie

Dans ce dossier, les deux paragraphes ci-dessous traitent de mon approche de l'empathie. Si vous souhaitez compléter cette information, vous pouvez aussi lire sur ce site l'article de novembre 2000 "Le piège de l'empathie". Vous   y trouverez 6 pages détaillées sur le sujet.

L'empathie est le cheval de bataille par excellence de la communication et de tous les métiers d'écoute, depuis le psy jusqu'au manager en passant par le commercial etc... 

Quand celle-ci est clairement définie comme l'art d'écouter l'autre pour se mettre à sa place tout en restant soi-même... c'est peut être moindre mal. Mais quand on remarque en plus que le mot empathie signifie étymologiquement  "sentir à la place de l'autre"... la confusion est très risquée.

Nous ne pouvons jamais nous mettre à la place de l'autre... même quand nous avons vécu des situations similaires aux siennes,  nous ne sommes pas lui. Il perçoit l'évènement à travers le prisme de l'histoire de vie qui est la sienne et il ne peut percevoir la même chose que nous,  car notre histoire de vie à nous, est forcément différente. L'art de la communication, c'est l'art de l'acuité qui permet de voir et accueillir cette différence de perception.

Se mettre à la place de l'autre revient seulement à contempler son propre imaginaire... c'est le meilleur moyen de ne pas voir l'autre et de n'être que relationnel. Même avec de bonnes intentions nous sommes alors distants. Nous ne faisons ainsi que gérer ce que nous imaginons et non ce que vit et ressent notre interlocuteur. J'appellerai cela du narcissisme relationnel.

Et pourtant! Si nous avons vécu la "même chose que l'autre", ne sommes-nous pas alors en droit de penser que nous pouvons le comprendre? Et bien non! Une même circonstance ne produit pas exactement les mêmes ressentis chez tout le monde. Par contre, l'avantage, est que nous réalisons mieux que l'autre vit quelque chose d'important. Cela nous permet d'être interpellé même quand nous ne sommes que relationnels. 

La limite de cet avantage est que nous ne sommes malgré tout que dans l'illusion de vraiment comprendre ce qu'il vit, pense ou ressent... Se mettre à la place ne renseigne pas sur la réalité de ce que vit ou perçoit l'autre car "similaire" ne veut en aucun cas dire "identique"! Il faut retenir que nous percevons la vie selon notre histoire personnelle (récente ou ancienne) et non seulement à travers ce que sont les évènements. 

Les points de vue ne sont pas interchangeables. Ce qui empêche la communication est surtout la croyance en une réalité commune à tous. Tout en donnant l'impression de nous rapprocher les uns des autres, cette illusion de pensée commune nous éloigne de nos interlocuteurs et nous plonge dans l'inefficacité relationnelle.

II) Être distinct pour ne pas être distant

Tous les problèmes de vulnérabilité dans l'écoute viennent du fait que nous avons quelques difficultés à être distincts. Quand nous croyons nous rapprocher de l'autre souvent nous ne faisons que nous mettre à sa place. Peut-être allons-nous alors le conseiller, le plaindre, penser ou décider pour lui. Cela conduit à des ingérences maladroites et même parfois désastreuses pour tous.

D'où vient cette difficulté à être distinct ? Probablement de notre peur de la solitude. Probablement aussi du fait que la vie est une succession de fusions et d'individualisations  qui sont restées en chantier : d'avec notre mère lors de notre naissance puis vers 5-7 ans, d'avec notre famille lors de notre adolescence, d'avec notre conjoint vers la quarantaine, d'avec le travail vers la soixantaine etc... Nous peinons quelque peu à mieux devenir soi afin de mieux rencontrer l'autre. Nous compensons ce manque d'affirmation de soi par l'ego, la personnalité... et l'empathie!

Même dans le couple, on ne rencontre vraiment son conjoint qu'une fois sortie de la nécessaire phase de fusion initiale. Quand cette rencontre lucide de la différence se passe bien, on peu enfin parler d'amour. 

L'amour c'est être ouvert à l'autre (communication) alors que la passion c'est avoir besoin de l'autre (relation). Avoir besoin de l'autre semble être une faiblesse ? C'est pourtant un judicieux moyen pour se libérer de l'ego et pour accroître son humilité

Vu notre faible capacité à accueillir la différence d'autrui, avoir besoin des autres nous préserve de trop d'égoïsme! 

La peur de la solitude nous pousse aussi beaucoup vers les autres. Mais, habités par une sorte de besoin de clan où tout le monde serait "pareil" (car ça sécurise), leur différence nous dérange. Cette différence de l'autre nous renvoie à notre sentiment de solitude  que justement nous essayons de fuir. 

Pour préserver cette sécurité  nous ne faisons alors que les imaginer en niant leurs différences. C'est certainement cette crainte viscérale de la solitude qui nous conduit à penser comme les autres ou à tenter de les faire penser comme nous

Mais c'est un piège car dans ce cas plus personne n'existe! Nous ne sommes alors que dans une illusion de non solitude. Celle-ci nous perturbe  insidieusement (même en étant entouré de monde) car nous ne vivons plus alors que dans un imaginaire rempli de clones

Nous pouvons énoncer la règle suivante si simple, mais si importante :

Pour 
ne plus être seul 
il faut être deux !

Pour 
être deux 
il faut arrêter 
de ne faire qu'un !

Lire aussi, sur ce sujet, l'article de novembre 2000 Le piège de l'empathie

 

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6 Être cadeau

I) Être présent

Nous avons vu qu'être communicant c'est être ouvert. C'est aussi être présent. Quoi de plus inefficace et de plus désagréable que de parler à quelqu'un qui est physiquement là mais dont l'esprit s'est enfui.

Bien sûr être présent signifie qu'il faut être ici dans l'espace et maintenant dans le temps. Mais ce mot a un autre sens qui paraît n'avoir aucun rapport... en fait il décrit exactement l'état communicant : le mot "présent" signifie aussi "cadeau".



Être présent, 
c'est être cadeau

Nous sommes dans l'état communicant quand nous sommes capables de considérer que nous sommes un cadeau pour l'autre et que l'autre est un cadeau pour nous. Cette attitude va bien avec la considération qui signifie (co-sidéral) tous les deux des étoiles! Seulement de jolis mots ? Bien plus que cela, sans rien exagérer ils définissent l'état communicant. Si nous ne sommes pas cadeaux et n'avons pas de considération, nous ne serons que relationnels avec tout ce que cela comporte de vulnérabilité et de confusion et de risques d'incompréhension.

II) Donner et recevoir de l'attention

Dans cet état communicant nous allons donner et recevoir de l'attention (réservé aux individus) plutôt que de l'intérêt (réservé aux choses). 

Il s'en suivra une qualité exceptionnelle des échanges dans laquelle il y aura ouverture sans vulnérabilité, proximité sans fusion, sensibilité sans affectivité.

Ce que je vais décrire dans le paragraphe suivant n'est pas ce qu'il faut faire pour être communicant, mais seulement ce qui se passe spontanément quand on est communicant. C'est plus un outil diagnostic qu'un mode d'emploi car en faisant attention à ce qu'on fait, on cesse de voir l'autre et on n'est plus que relationnel.

Quand vous découvrirez des écarts entre ce que je vais décrire et ce que vous faites ce n'est pas ce que vous faites qu'il faut améliorer. C'est seulement votre état d'ouverture et d'individualisation (l'état communicant) qu'il faut affiner. Le reste s'en suivra tout seul (ou presque).

Pour en savoir plus sur l'empathie

Pour en savoir plus sur la relation d'aide

Pour en savoir plus sur le danger de convaincre

Pour en savoir plus sur le risque de culpabiliser

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