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Le mythe de la transaction
24/08/2000    -    © copyright Thierry TOURNEBISE

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L'efficacité avec ou sans coût

Il est évident que pour mettre une aide de qualité  à la disposition de ceux qui en ont besoin,  un psychothérapeute doit avoir une ressource financière. Que cette ressource vienne des patients, de l'état ou d'une autre activité.... il ne peut vivre de rien!

Une autre raison, que je ne partage pas, est pourtant parfois avancée pour justifier cette rétribution: d'après certaines écoles, il est important que le patient règle sa consultation également pour son propre cheminement. Cela doit lui coûter quelque chose à lui, qui ne soit financé par personne d'autre afin, entre autres,  de l'impliquer d'avantage et de le libérer de sa dette envers le thérapeute. 

Or l'efficacité et le coût ne devraient jamais être liés.

Où est la transaction ?

La transaction financière proprement dite est donc justifiée par le fait qu'un service soit délivré. Celui qui le délivre doit gagner assez d'argent pour vivre... et continuer à mettre sa prestation à la disposition de ceux qui en ont besoin.

La transaction la plus importante se situe à un autre niveau  :

1) Ce que le patient confie de lui, de sa vie, de son intimité, cela est infiniment précieux.

2) La confiance qu'il accorde au thérapeute au point  de lui permettre d'être le premier confident de ses jardins secrets, cela est infiniment précieux

3) Le fait qu'il permette au thérapeute d'être présent et d'assister à l'inestimable moment de ses prises de conscience, de ses moments de "rencontre" avec ces parts de sa vie auxquelles il ne songeait même pas avant la thérapie cela aussi est infiniment précieux.

4) Enfin, le fait qu'il permette au thérapeute d'assister à la "mise au monde" des parts de lui-même restées en attente dans des coins retirés de sa vie (maïeusthésie et psychothérapie), cela est également inestimable.

Tout cela est reçu par le thérapeute et doit être considéré comme de très grande valeur. Cela fait partie de la transaction. Le patient ne livre pas ses problèmes (dont il chargerait le thérapeute)! Il livre des moments de sa vie qui attendent de naître!

Assister à des moments de naissance

Comme pour une sage-femme qui voit naître les enfants de ses parturientes, il s'agit d'un moment d'exception. 

Est-ce que pour que l'enfant naisse mieux, il faut une transaction financière (pour un autre motif que celui que la sage-femme gagne de quoi vivre)?  Certainement pas. Tous les accouchements sont pris en charge financièrement...  les femmes accouchent et les enfants naissent bien quand même! 

Heureusement que la qualité d'un enfant qui naît ne se mesure pas! Un enfant qui naît c'est inestimable! 

Et il est encore plus heureux qu'il ne vienne à l'idée de personne de mesurer sa valeur par rapport à ce que l'accouchement à coûté!

Risque de dévalorisation

Dire qu'il faut un échange matériel, envers le thérapeute pour des raisons d'efficacité thérapeutique, c'est prendre le risque de profondément dévaloriser le travail que le patient fait sur lui-même. C'est comme si ce qu'il réalisait, et auquel il permet au thérapeute d'assister, n'avait pas de valeur suffisante... et qu'il faille un objet pour rendre la transaction équitable.

Aucun objet, aussi précieux soit-il, ne peut être à la hauteur de tels moments. Demander un objet (même ordinaire comme cela se fait pour un enfant ) c'est dévaloriser ce qu'il rencontre en lui. 

C'est, contrairement à l'idée reçue, prendre le risque de fortement diminuer l'effet thérapeutique.

Le caractère précieux de ce qui est confié, de ce qui est retrouvé et de ce qui renaît en le patient, doit trouver sa juste valeur dans la reconnaissance que le thérapeute lui accorde (et non dans l'argent que ça lui coûte).

Bien distinguer les deux transactions

1) L'échange financier a tout à fait sa place comme dans tout métier. Cette transaction sur le plan matériel peut être acquittée par le patient lui-même, par un tiers, ou même pas du tout, si le thérapeute  n'en a pas besoin. Peu importe. Par contre, dans ce dernier cas, il est essentiel que les patients n'abusent pas de sa disponibilité sous prétexte de gratuité... et ce peut être une autre raison du coût.

2) Pour l'effet thérapeutique, la transaction sur le plan humain est satisfaite par la valeur précieuse de ce que le patient livre au thérapeute. Malgré cette dimension humaine, chaleureuse et profonde, la situation doit rester naturellement  libre de toute affectivité telle que le sens affectivité est défini dans ce site et qu'il est longuement développé dans mon prochain ouvrage.

Conclusion

Le contenu de cet article mérite certainement des ajustements. Je vous y livre ce qui fait partie de mon expérience. La votre vous conduit peut-être à penser avec d'autres nuances... ou peut être même de façon opposée?

Certainement avons-nous chacun des raisons pertinentes qui appellent réflexion et remise en cause. Nous avançons tous grâce à ces remises en cause qui ne sont possibles que lorsque nous sommes libres des dogmes autant que des modes.

Thierry TOURNEBISE

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