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Etre et conscience
de l’essence à l’existence
octobre 2011    -    © copyright Thierry TOURNEBISE

 

 

Nous rencontrons en philosophie ou en psychologie des mots pour désigner le « quelqu’un » qu’est un « être humain » ainsi que les « éléments » qui le constituent. Ils sont utilisés de façon parfois un peu floue, alors qu’ils ont une signification bien spécifique... mais cette spécificité n’est pas toujours évidente. Dès que nous tentons d’accéder à plus de précision, il se révèle quelques incertitudes sur ce que nous tentons de nommer. Nos intuitions alors franchissent mal le seuil de la verbalisation.

Devrons-nous parler d’« existentiel » ou d’« essentiel » ? d’« Être », d’« humain », d’« individu » ou de  « sujet » ? de « psyché », d’« âme » ou de « conscience » ? Sans oublier le « Dasein » (être-là) ou l’« étant », ou bien le « moi » ou le « Soi » ? Dirons-nous qu’il s’agit d’un « Être » ou bien d’une « personne » ? Ces mots ne signifient pas la même chose, parfois ils sont proches, parfois ils sont éloignés. En les utilisant, nous commettons trop souvent au gré de nos paroles ou de nos écrits, des glissements de sens ou même des contresens, tant en philosophie qu’en psychologie.

Comme nous peinons plus qu’il ne parait à nommer ce « quelqu’un que nous sommes » et les « éléments » qui en découlent, je vous propose ici d’élucider le sens de quelques uns de ces mots (la liste n’est pas exhaustive) présents dans le langage des philosophes, des psychothérapeutes, des psychologues, des psychiatres ou des psychanalystes.

 

Sommaire

1 Utilité des significations
- Le flou et la précision
- Subtilité et humilité

2 « Conscience, être, esprit
- Conscience et ouverture
- Être et exister
- Le Soi, le moi, la personne
- Esprit et souffle

3 Âme et psyché
- Âme
- Psyché

4 Le sujet, le quelqu’un, l’essence
- Sujet
- Quelqu’un
- Essence


5 Les mots et l’ineffable
- Face à l’indicible
- En conclusion

Bibliographie

 

 

1   Utilité des significations

1.1Le flou et la précision

Il serait légitime de se demander pour quelle raison consacrer un article à des mots, dont nous pensons savoir ce qu’ils désignent. Laisser un peu de flou en ce domaine n’empêche pas de vivre… mais trouble tout de même quelques fondements. En écoutant (ou lisant), nous découvrons combien des personnes peuvent se déchirer entre elles pour faire valoir un sens qui leur paraît plus juste. Il arrive aussi qu’en donnant un sens différent à un seul mot toute une définition change… et avec elle la compréhension des phénomènes que nous décrivons.

 Nous l’avons vu dans ma publication d’avril 2009 « De l’espace et du temps » où le simple fait de découvrir que nous disons du futur qu’il est « postérieur » et du passé qu’il est « antérieur » modifie soudain la vision que nous avions de ce qui nous semblait évident : postérieur signifie « derrière » et antérieur signifie « devant ». De ce fait, avoir un « futur derrière » et un « passé devant » nous déroute quelque peu et engage une réflexion nouvelle et inattendue. Dans ma publication de juillet 2011 « Irrépressible quête d’origines », nous avons vu aussi l’importance de différencier le « début » (qui est le premier instant), l’« origine » (qui est ce qui se trouve avant le début) et le « commencement » (qui est la période qui suit le début). Sans ces précisions toute réflexion sur l’« origine » reste fort embrouillée, voire impossible.

1.2Subtilité et humilité

En novembre 2005, j’ai aussi contribué à quelques précisions sur « Le ça, le moi, le surmoi et le Soi ». Ces mots utilisés dans le milieu psy de façon parfois contradictoires, méritaient une exploration de précision pour ne pas s’enfermer dans des significations obscures. J’ai également proposé en février 2010   « Les mots et les intuitions » pour mettre en exergue la nécessité des mots justes quand nous souhaitons verbaliser nos pensées et ressentis, tant  pour notre propre réflexion que pour une partage avec autrui.

Dans chacune de ces publications, il ne s’agit pas tant d’accéder à « une vérité absolue » que de nourrir une ouverture, de se libérer des ornières cognitives qui emprisonnent notre pensée dans des a priori aveuglants, des paradigmes réducteurs. Dans celle-ci, les mots explorés portent aussi leur lot de turbulences dans l’esprit des penseurs, des philosophes et des « psys ». Je me suis retrouvé avec l’élan de leur consacrer quelques lignes, qui ne prétendent rien d’autre que de nous rendre moins vulnérable au « prêt à penser » et de nous permettre quelques modestes remises en question, souples et délicates, venant nous interpeler… et dans le meilleur des cas nous éclairer.

Nous allons ainsi voyager dans les significations, origines, sens et nuances possibles, des mots : « conscience », « Être », « exister », « esprit », « Soi », « moi », « personne », « humain », « sujet », « esprit », « âme », « psyché », « quelqu’un », « essence », « existence »… avec la possibilité (peut-être) de mieux comprendre ce dont s’occupent les « psys » (ceux qui s’occupent de la psyché, de la conscience et de l’inconscient), puisque ce mot « psy » est le préfixe commun de leurs dénominations professionnelles.

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2   Conscience, être, esprit

Abordons pour commencer ce premier groupe de mots. La difficulté quand nous précisons un mot, est de ne pas se servir de ceux que nous devons définir plus tard. En effet tous les mots dont il est question ici se retrouvent parfois en définitions circulaires, et la compréhension s’en trouve compromise ou illusoire. Nous tenterons soigneusement d’éviter cet inconvénient.

2.1Conscience et ouverture

Nous connaissons tous le « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » que François Rabelais nous cite de Salomon*. Intuitivement nous y comprenons qu’il est souhaitable de différencier la « science » (qui n’est que savoir) et la « conscience » (qui représente une certaine qualité morale).

*Pantagruel, chapitre VIII, Rabelais, 1962, p.206

Voyons plus précisément ce que désigne le mot « conscience ». Etymologiquement, le latin « conscientia » vient de « cum » (avec) et « scire » (savoir). Il s’agit littéralement d’un « savoir partagé avec quelqu’un », la signification oscillant entre « confidence » et « connivence »**. La conscience ne serait donc qu’une sorte de « savoir ensemble » sur le mode « intime ».

**Le Robert - dictionnaire Historique de la langue française
Cet ouvrage sera la référence étymologique majeure pour cet article

Jusqu’au XVIIe siècle, le mot « conscience » a surtout un sens moral c’est à dire une certaine « connaissance intuitive du bien et du mal ». Comme une sorte de « lumière » qui éclairerait l’« esprit » (mais il va nous falloir aussi définir le mot « esprit » dont nous verrons que c’est avant tout « un souffle » et le mot « lumière » dans son sens « ouverture », nous rappelant qu’une lumière dans un mur c’est, tout simplement, une fenêtre).

A partir du XVIIIe siècle le mot « conscience » désigne aussi un sens intellectuel puis psychologique. Ce siècle se nommera « siècle des lumières », comme pour signifier cette ouverture de l’esprit vers de nombreuses innovations scientifiques, intellectuelles… etc.

En psychologie, ce qui est conscient est ce à quoi nous avons accès, et ce qui est inconscient, ce à quoi  nous n’avons pas accès. Nous prendrons cependant soin de bien différencier « conscience » et « savoir » qui ne sont pas du tout équivalents. Il ne suffit pas de savoir pour être conscient (ce que nous disait justement Rabelais). Nous pouvons même « savoir des choses dont nous ne sommes pas conscient ». C’est ainsi que Socrate, par le questionnement de la maïeutique faisait « émerger de l’esprit ce que celui-ci contenait sans s’en rendre compte ». Il permettait à la conscience d’accéder au savoir que l’on a, mais que l’on n’est pas conscient d’avoir.

Il se peut aussi que quelqu’un sache quelque chose (intellectuellement), mais n’ai pas de conscience concernant ce qu’il sait savoir. Nous remarquons par exemple que le fait d’expliquer quelque chose à quelqu’un lui permet de le savoir (intellectuellement), mais que seule l’expérience pourra vraiment le lui mettre en conscience (c’est là toute la difficulté de la pédagogie !). La conscience semble donc liée aussi à l’expérience.

Dans l’usage, nous disons « avoir conscience » (c’est alors quelque chose que l’on « a »). Nous disons aussi « avoir une conscience », comme si c’était quelque  chose de séparé de nous-mêmes qui « nous parle ». Nous disons aussi « avoir bonne ou mauvaise conscience »… (il y en aurait donc une bonne et une mauvaise !). Nous disons aussi « prendre conscience », comme si cela dépendait de notre volonté (capacité de saisie ?). Mais quand nous formulons « prise de conscience », il semble que celle-ci se produise à l’insu de notre vouloir, comme un éclairage nouveau et soudain (plus une chose qui nous tombe dessus, que quelque chose que nous prenons volontairement). Nous disons aussi « perdre conscience » pour signifier que nous cessons de percevoir, que nous « tombons dans l’inconscience ».

Le mot « conscience », dans tous ces cas, semble lié à une faculté de percevoir. Cette perception est plus individuelle du côté de la psychologie et plus sociale du côté de la morale (mais on peut étendre ce sens au niveau ontique, c'est-à-dire au niveau de l’être,  en parlant de « sensibilité spirituelle » [sensibilité à l’esprit, au « spiritus », au « pneuma », au « souffle »], à distinguer soigneusement du domaine religieux, sans pour autant l’ignorer).

Cette perception semble aussi nous inviter à rejoindre l’autre, non pour être comme lui, mais pour disposer intimement de « quelque chose ensemble » (cum-scire). Ce « savoir-ensemble » semble être de l’ordre de la proximité, de l’intime.

Nous disons aussi « être conscient », comme s’il s’agissait non plus cette fois de quelque chose que l’on prend, que l’on a, et que l’on peut perdre (qui nous échappe ou nous tombe dessus), mais d’un état que l’on est.

Certaines approches thérapeutiques utilisent ce qu’on appelle des « états modifiés de conscience » (état hypnotique, sophronique, relaxation, transe, méditation) visant à élargir les possibilités de perception de celui qui est ainsi accompagné. Cela semble confirmer un état où l’on perçoit différemment et les mots conscience et perception se trouvent ainsi encore rapprochés.

Si « conscience » est proche de percevoir, « être conscient » signifie alors « être perception » et définit une sorte d’« état d’ouverture ». Finalement ici la conscience serait surtout une sorte de champ de perception, plus ou moins limité selon l’état d’ouverture de l’individu concerné. Il est vrai que les esprits bornés (cernés entre des limites) témoignent d’une conscience bien mince, comme si des « œillères virtuelles » maintenaient leur perception en état d’étroitesse. « Ayant des réponses pour tout », avec un regard réducteur, comme si leur perception du monde restait dans un mode simpliste (la complexité et l’intrication subtile des éléments de ce monde leur étant imperceptibles).

En effet, celui qui perçoit l’autre (sur un mode « empathique », ouvert et attentionné) est de ce fait plus délicat avec celui-ci, et il semble ainsi guidé par ce qu’on pourrait appeler une « bonne conscience », qui n’est autre qu’« une fine perception d’autrui ». Celui qui n’a pas cette ouverture et cette perception de l’autre se retrouve guidé par une « mauvaise conscience » (une forme de « mauvaise vue ») qui n’est autre qu’une incapacité à percevoir l’autre et, de ce fait, fonctionne sur ses seuls repères  personnels et égoïstes.

2.2Être et exister

Maintenant que nous avons précisé que la conscience est une sorte de champ de perception et que son ouverture joue un rôle dans notre capacité d’être au monde, il nous faut aussi définir ce qu’est « être ».

Nous avons le nom « Être » (un « être » désignant un « quelqu’un » ou « un vivant quelconque »), et le verbe « être » (désignant éventuellement un « état » de ce quelqu’un… mais aussi d’un objet : par exemple « cette assiette est sur la table »).

En fait le nom « Être » dérive du verbe « être » et a existé après celui-ci. Ce verbe « être » désigne étymologiquement une posture ou un lieu. Il vient du latin « esse ». « Esse » est en lien avec le grec « einai » (racine indo européenne °es, °s : « se trouver » qui donne aussi l’idée de posture ou de lieu). « Être » signifie donc « se trouver là », tout simplement, et n’est pas forcément rattaché à l’idée du vivant, car un « objet » peut aussi « se trouver là ». Ce qui confirme que le mot latin « esse » oppose la réalité à l’apparence. La réalité serait donc simplement « ce qui est » (une sorte de vérité de Lapalisse) : ce qui « se trouve là » « est ».

Le latin « esse » se rattache au grec « einai » dont le participe présent « ôn », « ontos » nous conduit à l’ontologie, qui en philosophie est la science qui traite de l’Être. Le fait d’être présent, indique une posture particulière en ce sens où « présent » vient du latin « prae-esse », c'est-à-dire « être-devant » « être en avant ». C’est donc une posture « devant » (sans doute « devant » ou « avant » le « paraître », dont un minimum est socialement incontournable). Une posture sans far, sans artifice, dans laquelle nous donnons à l’autre la possibilité de nous percevoir de façon authentique.

Quand on parle d’Être (revenons au nom et laissons là le verbe) on parle de la nature profonde du « quelqu’un » que ce mot désigne. Pourtant, où se trouve donc la source de ce « sens plus profond » qui n’est pas simplement un état ou une position (comme pour l’ordinaire assiette sur la table !). Pas si simple, car nous rencontrons des usages abstraits, comme par exemple le fait d’évoquer un « Être mathématique » pour désigner une formule, une « entité mathématique » (Le mot « entité » venant du latin « entis », participe présent de « esse »).

Après avoir exploré le mot « être », avec parfois une sensation de tourner en boucle, nous peinons à trouver cette « nature profonde du quelqu’un » dans l’étymologie de « Être ». Mais dès le XIIIe siècle  le nom « Être » désigne  « ce qui est doué de vie » et conduit même à parler d’« Être éternel » ou d’« Être suprême » pour parler de Dieu. L’« Être » en vient à désigner « la nature intime de l’homme », ce qui est profond en lui, ce qui est source.

Regard d’un philosophe :

Pour tenter quelques précisions complémentaires, nous pouvons ajouter le point de vue d’un philosophe ayant abordé l’être avec un important souci du détail. Martin Heidegger, dans son ouvrage « Être et temps » nous parle de l’« être », du « Dasein » (l’être-là), et de l’« étant » (l’étant du Dasein)… voici de subtiles différences.

-Le « Dasein » est « cela de l’être qui est au monde », « cela de l’être qui est là »

-L’« étant » est sa manière d’être au monde et non pas simplement « ce qui est là au monde ».

-L’Être est ce qui déborde « cela qui est au monde » (passé et futur, tout est « contemporain » du présent) et que le Dasein a pour tâche de parvenir à être. « Être entier » est alors une possible manière d’être, est un possible « étant » pour le Dasein.

« Il appartient au Dasein de devoir devenir lui-même ce qu’il n’est pas encore, c'est-à-dire de l’être » [1986, p.297]

« Il y a dans le Dasein une non-entièreté constante […] ce qui appartient sans doute à un étant, mais qui lui manque encore […] Rester en attente signifie par conséquent : n’être pas encore réuni à l’ensemble dont on fait partie » [ibid p.296].

« Le Dasein est toujours déjà "au-delà de soi", non pas qu’il se comporte ainsi envers un étant qu’il n’est pas, mais il l’est comme être tendu vers un pouvoir être qu’il est lui-même » [ibid p241]

Pour Heidegger, le mot « Dasein » vient simplement remplacer le mot « Homme (humain) » [p.521]. C’est ce qui dit « je » [p.378]. Pourtant il dit « …Dasein qui est le mien » [p.318]… Alors qui est le « je » qui dit cela ? Tout « ce qui est dans  le monde » est un étant (même les objets), mais le Dasein est un étant spécial : un « étant conscient d’exister ». Dans sa façon d’exister, le Dasein est un étant particulier. Le Dasein est « un être au monde » (et non pas un être dans le monde) car d’une certaine façon « il appartient au monde », où du moins « il n’est que par rapport à ce monde » :

« …jamais non plus il n’est donné de sujet dépourvu de monde » [p.158].

Pourtant, cet étant conscient d’exister a pour tâche de tendre à « être », « à être ce qu’il a à être ».

L’être n’est pas le Dasein, mais déborde celui-ci. Heidegger parle souvent de « l’être du Dasein »… mais aussi du « Dasein de l’être ». Il dira « …le Dasein qui m’est propre… » [p.167], en se positionnant probablement au niveau de l’être qu’il est. Il parlera aussi de « l’être du Dasein » [ibid], inversant ainsi le point de vue d’où se place celui qui s’exprime. Le Dasein dit « mon être » et l’Être dit « mon Dasein » ! En même temps, Heidegger place l’étant comme le premier élément à se poser un questionnement sur l’être… finalement pas si  simple et peut être pas si clair !

Nous nous apercevons que, malgré la richesse de la réflexion, la limpidité n’est pas au rendez-vous de notre présente recherche. Nous avons explicité assez facilement la « conscience », mais concernant l’« Être », la tâche n’est pas aisée, malgré la simplicité apparente du mot.

Nous pouvons alors tenter de continuer en remarquant que du fait d’« être », il découle qu’il y a « existence » de ce qui est.  Ce qui « est » « existe » (dans la réalité).  Poursuivrons notre réflexion en examinant le verbe « exister ».

Exister

« Exister » vient du latin « exsitere »  (sortir de, se manifester, se montrer) constitué de « ex » (hors de,) et « sistere » (se tenir) qui se rattache à la racine indoeuropéenne « °sta » (être debout). « Être présent » est  sans doute une façon d’« exister » car c’est « être devant » (donc « hors de ce qui est derrière »).

Il s’agit donc d’un positionnement « hors ». « Exister », c’est « être » « hors de ». Si nous repensons aux propos d’Heidegger où l’Être déborde le Dasein, on peut penser que le Dasein est cette part d’être, cet « élément non entier, hors du tout qu’il a à être ». « Exister » reviendrait donc à être fractionné ?… ou séparé d’un tout ? Mais quel est ce « tout » dont nous parlons ici ? Nous verrons plus loin qu’il s’agit sans doute de ce que Jung appelle le Soi.

« Exister » serait donc être « hors du Soi » en envoyant au monde  juste « un bout de Soi » qui serait un humain, avec une façon d’être au monde, une façon de se manifester au monde. Ce « bout de Soi » aurait une conscience (lumière, ouverture) qui lui permettrait de percevoir de façon plus ou moins étendue, plus ou moins subtile, non seulement le monde, mais aussi les autres êtres, et également lui-même au-delà de sa limite, vers ce qui déborde (l’entièreté de l’Être qu’il a à être).

« Être hors » c’est aussi ce que nous dit le mot « extase », proche parent de « exister ». Son étymologie latine « extasis » vient du grec « ek » (hors de) et « stase » (être, position)* et nous l’utilisons avec la nuance qui désigne une manière d’être particulièrement ouverte, particulièrement tournée vers l’ontique.

*Trésor des racines grecques -Belin

Nous remarquons à ce stade de notre recherche que nous ne savons tout de même pas trop qui est « celui que nous sommes » : Sommes-nous l’Être, le Dasein, l’étant, le Soi… ? Qu’est-ce qui existe le plus : est-ce l’Être qui déborde du Dasein, ou bien ce Dasein qui est un « bout d’Être » partiellement au monde. Est-ce ce qui se trouve « hors de l’entièreté de l’Être pour être au monde », ou bien est-ce cette « entièreté de l’Être débordant du Dasein » ?

2.3Le Soi, le moi, la personne

Un être entier

Heidegger pose l’existence du Dasein comme « entièreté » depuis sa naissance à sa mort [p.438-439] (nous retrouverons cette idée dans la définition du mot « Vie »).

Cela comprend le futur : l’« être-en-avance-sur-soi-déjà-au » (monde) [p.376] ou « L’être en-avance-sur-soi-tout-en-étant-déjà-au-monde » [p.241].

« Le dasein existe chaque fois déjà de cette manière où toujours son pas-encore en fait partie. » [p.297].

Cela concerne aussi son passé en ce sens que celui qu’il a été est aussi dans son présent :

« …le Dasein est […] comme l’étant que, étant encore, il était déjà, c'est-à-dire qu’il est constamment été » [p.388].  « …le Dasein existe […] il n’est jamais passé, mais il a bien toujours déjà été au sens de "je suis été" »* [ibid]

*il n’y a pas ici de faute de conjugaison dans le sens ou « été » est considéré comme un nom et non comme un participe passé.

Le moins que l’on puisse dire est que les tournures verbales de Martin Heidegger sont « alambiquées »… tente-t-il par là de nous « distiller quelque essence de pensée » ?

Le Soi

Le Soi (selon Carl Gustav Jung, dont le langage est plus simple) semble désigner l’être dans son entièreté potentielle. Sur ce point il va plus loin (ou plus clairement, à mon sens), que Heidegger :

« Le Soi embrasse non seulement la psyché consciente, mais aussi la psyché inconsciente et constitue de ce fait pour ainsi dire une personnalité plus ample, que nous sommes aussi…. » [1973, p462]* 

« Ma conscience est comme un œil qui embrasse en lui les espaces les plus lointains, mais le non-moi psychique est ce qui, de façon non spatiale emplit cet espace. » [p. 450]

*Nous remarquons l’usage des mots « psyché », « moi » et « personnalité » qui nous restent à définir (ce que nous ferons au plus loin)

Jung nous dit que la conscience (comme un « œil »), au niveau du Soi, a un champ de perception si vaste qu’il va embrasser tout cet « espace » habité par le « non moi ». Naturellement nous sommes en droit de nous demander de quel « espace » il s’agit. Nous constatons que pour énoncer un propos suffisamment clair sur ce type de thème, il y a toujours quelques mots qui conservent une imprécision.

Nous noterons cependant comment Jung distingue clairement le Soi et le moi. Il parle de « non-moi psychique » pour parler du Soi, et précise la différence qu’il y a à développer le Soi et développer le moi :

« Je constate continuellement que le processus d’individuation est confondu avec la prise de conscience du Moi et que par conséquent celui-ci est identifié au Soi, d’où il résulte une désespérante confusion de concepts. Car, dès lors, l’individuation ne serait plus qu’égocentrisme ou auto érotisme » (p.457).

Le Soi est, selon lui, l’individu, l’être (l’existentiel), alors que le moi est le paraître (le libidinal, le factuel). Freud nous disait à propos du moi qu’il est la stratégie par laquelle un être peut tirer le meilleur profit du monde (attraper des proies ou éviter des prédateurs). Il compare même la libido du moi au fonctionnement de l’hydre avec ses tentacules urticants [1985, p.55/56].   D’où, selon lui, la nécessité d’un surmoi pour permettre une vie sociale, celui-ci jouant comme une prothèse de conscience, car le moi est aveugle à l’être. Il ne raisonne qu’en termes d’« objets de profits à attraper », ou d’« objets de risques à combattre ou éviter ». 

[Avant Freud, le philosophe et économiste Adam Smith (1723-1780) ne se souciait pas de surmoi pour l’équilibre social et pensait au contraire que chacun, avec son égoïsme et ses intérêts propres, contribuait involontairement à l’équilibre de la collectivité où, selon lui, l’« ensemble des égoïsmes » aboutissait involontairement à une justesse globale-Voici finalement des regards bien différents les uns des autres !].

Le Soi de Jung vise une autre dimension. Il semble faire appel à une transcendance (un ailleurs de notre espace ou de notre temps) auquel Heidegger ne semble pas hostile :

« Si la mort est déterminée comme "fin" du Dasein, c'est-à-dire comme fin de l’être-au-monde, cela n’entraine nulle décision ontique sur la question de savoir si "après la mort" un être différent, supérieur ou inférieur, est possible, si le Dasein "continue à vivre", voir si, se "survivant", il est immortel » [Heidegger, 1986, p.302]

Le Soi est l’être, le moi est le paraître. Le moi est un « paraître » astucieux visant le profit ou la sécurité. C’est l’ego, avec son égoïsme, assurant la survie de l’être dans un monde où il perçoit mal (conscience limitée), dans un environnement qui lui paraît étranger, où comme le dit Heidegger il se sent « jeté » (un « être-jeté-au-monde).

Devenir qui on est

L’intérêt de l’idée du « processus d’individuation » de Jung, est cette ouverture de la conscience qui permet au Soi de développer toute sa dimension potentielle, qui nous permet de devenir l’humain que nous avons à être, comme nous le dit si bien Abraham Maslow, pour qui les psychopathologies viennent surtout d’un manque d’humanité, c'est-à-dire « d’un manque de l’humain que nous avons à être » :

« La privation des besoins fondamentaux est susceptible, on le sait, de créer des maladies à ranger dans la catégorie des maladies "carentielles » [Maslow 2006, p.43]

Il est insuffisamment su que pour Maslow, le besoin le plus essentiel est le besoin ontique, celui qui se situe au niveau de l’être, et sans la satisfaction duquel tous les autres besoins sont « éternellement » insatisfaits (avec un « toujours plus » qui ne comble jamais).

 « J’ai découvert que le besoin d’accomplissement est beaucoup plus fort que je ne l’imaginais » [2006, p.257].  « Un homme doit être ce qu’il peut être. Il doit être vrai avec sa propre nature » [2008, p.66] « Cette tendance peut être formulée comme le désir de devenir de plus en plus ce que l’on est, de devenir tout ce qu’on est capable d’être » [2008, p.66]. « Les valeurs ontiques sont ce à quoi beaucoup de gens (la plupart ? tous ?) aspirent profondément (décelable en thérapie approfondie) » [2006, p.159]

Mais cela reste discret, et même trop souvent inaccessible à la conscience, victime de cécité existentielle (ne percevant pas ce qui à trait à l’être) :

« Il s’agit d’une chose que non seulement nous ne connaissons pas, mais que nous avons peur de connaître » (Maslow, 2006, p.104).

Pour parler de santé et maladie mentale, et de l’être, Maslow nous propose un regard nouveau :

 « Nous pouvons utiliser les concepts d’˝atrophie ou diminution de l’humanité˝ au lieu de recourir aux termes d’immature, de malchanceux, de malade, de né avec des défauts, de défavorisé. La ˝diminution de l’humanité˝ les recouvre tous » (2006, p.317)

Le mot « humanité », dont le sens semble évident à tous, vient d’être introduit dans le propos de Maslow. Ce terme semble évoquer un plus d’« être », de délicatesse, de générosité, et se trouver pleinement dans la dimension ontique. Nous pourrions le rapprocher du Soi de Jung, dont le développement (individuation) permet de mieux s’ouvrir aux autres.

Mais le mot « humanité », utilisé pour évoquer la généreuse dimension de l’être que nous sommes, vient de « homo », lié à « humus », c'est-à-dire « terre ». Si nous n’y adjoignons pas le mot « Être » pour parler « d’Être humain » nous n’avons que la « glaise », sauf à accepter par convention que parlant d’humanité, nous parlons d’Être humain, d’Être au monde.

Le moi et la personne

A défaut d’avoir accompli une individuation suffisante et à défaut de pouvoir être ce que nous avons à être, nous pouvons mettre en œuvre une compensation grâce à du paraître. Ce paraître est une sorte de « fausse présence » au monde (Heidegger dirait un « ne-pas-être-là ») qui permet néanmoins de s’y trouver en apparence, avec avantage, et sans risque. Le moi (ou ego) vient ainsi compenser un manque d’être, une carence au niveau ontique.

Le quelqu’un devient alors une « personne ». Nous remarquons que le mot « personne » vient du latin « persona » signifiant « masque de théâtre ». La personnalité définit non pas qui nous sommes (l’Être), mais  ce que nous jouons stratégiquement (consciemment ou inconsciemment) pour être au monde, c’est à dire le moi (manière d’être au monde). Ainsi, le personnage est « ce que l’on joue » et non « qui l’on est » (comme au théâtre). Être une « personne », cela revient à « ne pas être Soi », c’est être son ego. Le mot « personne » utilisé pour désigner quelqu’un est impropre. Quand on pense connaître quelqu’un en connaissant sa « personnalité », cette connaissance ne touche que les stratégies de son ego, et non « qui il est » au niveau de l’être, au niveau du Soi, dans la zone ontique.

Parfois empêtré dans sa personne (sa personnalité) un être peut-il accéder à « qui il est », au Soi qui est vraiment lui ? Sans doute en allant vers son humanité comme le dit Abraham Maslow.

De multiples interpellations lui permettent de développer ou de restaurer cette dimension :

« Au soi-même interpellé, "rien" n’est crié, mais il se voit hélé jusqu’à lui-même, c'est-à-dire jusqu’à son pouvoir-être le plus propre » (Heidegger, p.330)

C’est un tel processus que j’ai explicité dans ma publication de juin 2011 « Symptômes » où ces manifestations, dites « psychopathologiques », ne sont en fait que des moyens utilisés par les « parts de Soi » inconscientes afin d’interpeller la conscience. Un peu comme si le Soi « attirait  » (en le hélant implicitement) l’être vers plus de conscience et plus d’individuation, plus de complétude.

2.4 « Esprit » et souffle

Le mot « esprit » vient du latin « spiritus » (émanation, odeur) équivalent du grec « pneuma ». L’esprit est donc le « souffle » (mais aussi émanation et parfum). Comme s’il était un fluide qui circule ou se répand. Il se peut que le flux ici évoqué soit un « flux de vie » (le souffle de l’esprit dans l’humus, dans la glaise initiale). De même que la conscience déterminait une ouverture de perception, l’esprit détermine ce qui circule (ce qui s’écoule) dans cette ouverture sous forme de flux (un « flux de vie »).

Mais comme nous venons d’utiliser le mot « vie » (que nous avons déjà utilisé quatre fois sans le définir) il nous faut aussi le préciser, malgré son apparente évidence. Nous constatons ainsi qu’il est difficile de donner des définitions sans utiliser des mots non explicités. On ne peut les expliciter tous en même temps, et ce qui importe c’est de ne pas trop se servir des uns pour définir les autres, pour éviter de tomber ainsi dans ces définitions circulaires qui finalement ne disent rien et n’ont que l’apparence de définitions.

Le mot « vie » vient du latin « vita », de « vivere » (vivre) « ensemble de ce qui remplit la durée de l’existence humaine ». Nous remarquons qu’il est distinct du mot « énergie » (du latin « energia » signifiant « action, faire »*). « Vie » se rapprocherait plutôt de « être » dans le sens de « posture dans laquelle l’individu occupe (potentiellement) tout ce temps où il est au monde » (Soi, quelqu’un, Dasein), alors que « énergie » désignerait ses actions (faire, dimension du moi, personne**, étant).

* Energia=activité. G.Rodi-Lewis, 1975, p264

**Dans le sens de « persona », masque statut, paraître

Un « flux de vie », serait alors comme un « souffle » qui circule totalement ou partiellement au sein du Soi, définissant notre « capacité à être », alors qu’un « flux d’énergie » définirait plutôt une « capacité à faire ».

Ainsi, le quelqu’un, (« celui qui est », l’« être débordant le présent », le « Soi ») a « un souffle de vie » (« spiritus », « pneuma », esprit) qui l’emplit plus ou moins. Il perçoit à travers une « conscience » (lumière, ouverture). Cet esprit, ce souffle, ce pneuma ou spiritus circule plus ou moins bien dans l’ensemble de l’Être, car ce dernier a une conscience (ouverture)  lui permettant d’accéder à une part plus ou moins vaste de lui-même ou des autres.

Sa perception des autres ou de lui-même peut se restreindre et se limiter au niveau de la « personne », du moi, du paraître, sans que la dimension de l’Être ne soit suffisamment accessible (qu’il s’agisse de lui-même ou d’autrui). La tendance à vouloir intellectuellement tout objectiver marque une telle limitation de la conscience (de la perception existentielle).

Après l’Être, la conscience et l’esprit, nous avons aussi la psyché et l’âme.

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3     Âme et psyché

Le mot « psyché » est important car il est le préfixe commun des termes « psychothérapie », «  psychologie », «  psychiatrie », «  psychanalyse ». Les types de praticiens s’occupant de la psyché sont nombreux, même si leurs pratiques sont fort différentes. Depuis le psychiatre qui investit le corps et le neurone, jusqu’au psychothérapeute existentiel qui s’occupe surtout du Soi, en passant par le psychanalyste freudien qui « analyse » le moi, tous ont un métier dont le nom commence par « psy » et fait référence à la « psyché » (mais qu’entendent-ils par psyché ?).

Que désigne ce mot qui a rempli notre langage sans que grand monde y prenne garde. La psyché (du grec Psukhê) c’est l’âme, alors commençons à regarder le mot « âme » qui recouvre plusieurs sens.

3.1Âme

Le mot « âme » a pris son sens actuel vers le  XVIIIe siècle.

Au Xe siècle nous avions « anima » (ancien français) « anme », puis au XIe siècle « aneme ». Cela vient du latin signifiant « souffle d’air » et du sanscrit « aniti » signifiant « il souffle ». Le grec nous propose ici « anemos » : air. Une apparence alors plus proche de « esprit » (spiritus, pneuma), que de « psyché ». L’âme serait-elle alors aussi un simple souffle synonyme d’esprit ?

Le latin donne aussi « animus » (aspect masculin) du grec « thumos » : Thymique (s’opposant au corporel) ; et « anima » (aspect féminin) du grec « psukhê », principe de « vie » (dont nous avons vu que celle-ci représente notre temps au monde). Ces mots ont donné « magnanime », « équanimité » (signifiant que ces attitudes viennent de l’âme). Dans son aspect « anima » nous retrouvons l’âme en tant que « psukhê » (nous aborderons la psyché au prochain paragraphe).

L’âme, c’est aussi le cœur, le centre. Dans les instruments, par exemple l’« âme du violon » est la pièce de bois centrale sur laquelle repose la table d’harmonie et le chevalet afin de donner l’ampleur du son de l’instrument.

Le regard populaire, s’appuyant sur les religions, quant à lui, nous parle de l’âme d’une autre façon. Pour lui, c’est généralement ce dont dispose un être durant sa vie, et ce qu’il rend lors de sa mort, à son dernier souffle, à son denier « pneuma » (à son dernier esprit). On dit alors qu’il « rend l’esprit », qu’il « rend l’âme ». Pourtant, les mots « esprit » et « âme » ne semblent pas équivalents puisque l’un désigne le souffle, l’autre désigne une entité (et même, comme nous le verrons dans ce qui va suivre, une entité purement terrestre). Doit-on penser que « anemos » (air) est équivalent à « psukhê » (psyché) ? Ou bien peut-on dire que « rendant son âme » un Être rend le cœur de son instrument (le cœur du violon qui vibre). Finalement s’agit-il d’un être qui « rend le cœur de ce qui fait vibrer son flux existentiel » (le cœur de son instrument), ou d’un corps (instrument vibrant) « qui rend son Être source du flux » ? Pour y voir plus clair (peut-être) nous pourrions examiner le mot « psyché ».

3.2Psyché,

La psyché est synonyme de l’âme, mais désigne aussi l’esprit en psychologie (peut être le Soi, mais probablement pas le moi). Alors là, nous ne savons plus très bien la différence entre l’« Être » (le sujet), l’« esprit » (le souffle) et l’« âme » (le centre, le cœur). Peut-être les mots ne sont-ils pas utilisés à bon escient ? Ou bien doit-on rapprocher « anemos » (âme) de « spiritus » (souffle) ? Peut-être serons-nous éclairés par la source mythologique du mot  « psyché » :

Psyché, selon la mythologie grecque, est une princesse humaine qui rivalise involontairement de beauté avec la déesse Vénus. Cupidon, le fils de Vénus, en tombe amoureux, alors qu’il devait l’éliminer à la demande de sa mère (qui y voyait une rivale). Ainsi Cupidon (Eros, céleste) tombe en amour avec Psyché (Psukhê, terrestre). Cette idylle fait alors qu’Eros a une Âme : il a un cœur, et ce cœur (ce centre qui donne la musique) lui vient du terrestre. Cependant, dans le début de leur amour, ils doivent s’aimer dans le noir, c'est-à-dire sans se voir, car ils sont dans un amour interdit par Vénus. Quand Psyché tente de le voir, Cupidon s’enfuit. Ce n’est qu’après de nombreuses péripéties vécues douloureusement mais salutairement par Psyché, qu’ils se retrouvent sous la bénédiction de Vénus et peuvent s’aimer au grand  jour.

L’être céleste (Cupidon) a une âme terrestre (Psyché). Comme si ce qui est céleste avait besoin du terrestre pour avoir un « centre » qui donne à sa musique toute la résonnance voulue ! Pour s’unir, ils commencent dans le noir sans que Psyché la terrestre ne voit Cupidon le céleste (avec une conscience [perception] diminuée, pour finalement l’accroître au grand jour).

En résumé

Nous avons donc l’Être (le quelqu’un) qui a un esprit (souffle), avec une conscience (perception). Mais il y a aussi une âme, (la psyché), qui est la terrestre (l’humaine l’humus, la glaise) qui permet à l’Être (le céleste) de « vibrer » sa musique. Nous noterons que l’instrument sans le souffle », aussi bien que « le souffle sans l’instrument », ne peuvent donner de musique.

Finalement, s’occuper de la « psyché », serait-il s’occuper de « l’instrument de l’Être », afin de restaurer son « souffle » et d’ouvrir sa « conscience » à la « musique » qu’ils jouent (manifestations et symptômes) ?

Je doute que de tels aboutissements nous éclairent suffisamment (ni même qu’ils soient suffisamment justes, mais nous devons oser un peu de « brainstorming »).

Ces réflexions nous révèlent tout de même que bien des mots sont utilisés sans précision et que finalement  nous tentons de nommer ce qui est souvent indicible. Nous nous croyons ainsi autorisés à prétendre que nous comprenons… alors que ces précisions dépassent notre intellect. En ce cas, « nous ne manquons pas d’air ! » (nous ne manquons pas d’esprit, de spiritus, de pneuma !)… mais nous ne comprenons pas pour autant !

Quand nous voulons éviter les mots « âme », « psyché », nous parlons souvent de « sujet » (par opposition à « objet »). Cela permet en principe de distinguer le « quelqu’un » du « quelque chose » et peut-être d’accéder à l’essence. Voyons à présent ces termes.

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4      Le sujet, le quelqu’un, l’essence

4.1Sujet

Le « sujet » est le « quelqu’un » en tant que source, en tant que «  à l’origine de ». Il est l’« agent » (source de l’action, source du verbe, source du « process »). En grammaire, le sujet est l’« agent », le verbe est le « process », et ce sur quoi agit le process est le « complément », nommé grammaticalement « patient » (Grammaire du français – Hachette 1991, p 237). Dans la mesure où il est « sujet » (source d’action ou de choix) l’« être » devient « quelqu’un » aux yeux du monde. Dans la mesure où il subit, il devient « quelque chose », aux yeux d’autrui il devient « patient ».

Pourtant nous trouvons aussi le verbe « assujettir » qui signifie « avoir une emprise », placer sous ses ordres. Dans ce cas, le « sujet » (agent, source du process) devient « objet » (patient, subissant le process).

La psychanalyse et la psychologie parlent de l’individu comme d’un sujet, mais traite tous ceux sur lesquels il déploie sa libido d’« objets » (avec une notion d’« objectal » bien ancrée). Ne distinguant pas (ou mal) entre l’amour et la libido, la psychanalyse freudienne parlera même « d’amour objectal » quand la libido est dirigée vers « un autre », et « d’amour narcissique » quand celle-ci est tournée vers soi-même. Pourtant, l’idée d’amour objectal n’a pas trop de sens, vu qu’on ne peut avoir d’amour pour un objet (même dans le fétichisme), mais seulement pour un être : l’amour est destiné aux êtres et l’intérêt est destiné aux choses. Dans l’amour, se tournant vers le « quelqu’un », un être est attentionné. Quand il se tourne vers quelque chose, il est intéressé. Alors, quand on est « intéressé par quelqu’un », cela revient à le chosifier (le réifier) et lui fait perdre son statut d’individu en l’utilisant comme source de profit. L’amour dans son sens noble ne peut être que « amour existentiel » et en aucun cas « amour objectal ».

Parler de « sujet » pour évoquer un être, c’est lui accorder son statut de source (comme cela est simplement précisé en grammaire). Curieusement, bien que le roi ait parlé de « ses sujets », ici parler en termes de « sujet » c’est anoblir un être et lui accorder sa dimension existentielle, lui rendre ce qui lui revient, le placer dans ce qu’il est vraiment, en tant que source (pour plus de précisions, lire sur ce site la publication  de septembre 2008 « Validation existentielle »).

4.2Quelqu’un

Ce mot a été utilisé de nombreuses fois depuis le début de ce texte. Il ne comporte pas d’ambigüité. Le « quelqu’un » est « un quelqu’un » d’un ensemble plus vaste qui ne saurait être envisagé sans qu’il y ait des« autres » (c’est un « individu », la partie indivisible d’un ensemble plus vaste). D’où une existence relative à celle de ces autres avec lesquels nous trouvons de nombreuses interactions systémiques.

Comme nous l’avons vu ci-dessus (chapitre « le Soi, le moi, la personne »), quand le « quelqu’un » se dérobe à sa responsabilité et tente de se dissimuler, il devient une « personne » (persona : masque de théâtre) et tombe dans un paraître venant compenser son manque d’être.

Tombant dans ce paraître, cessant alors d’être source et d’avoir une pensée propre, il tombe souvent dans le « on ». Il ne pense plus personnellement, mais « pense comme on pense », « comme il est convenu de penser ».

« C’est ainsi, sans attirer l’attention, que le on étend imperceptiblement la dictature qui porte sa marque. Nous nous réjouissons et nous nous amusons comme on se réjouit ; nous lisons, voyons et jugeons en matière de littérature et d’art comme on voit et juge ; mais nous nous retirons aussi de la "grande masse" comme on s’en retire ; nous trouvons "révoltant" ce que l’on trouve révoltant. […] Chacun est l’autre, aucun n’est lui-même » (Heidegger 1986 -p.170-171)

Ainsi Heidegger va même jusqu’à parler de la « dictature » du « on »

 L’« individu » devenant « personne », cela lui permet l’économie d’une pensée propre et l’expose moins à la désapprobation. Cela lui permet de satisfaire son besoin d’appartenance (Maslow). Mais du même coup cela lui fait perdre « qui il est » et « ce qu’il sent » (besoin ontique frustré). Finalement, il se sent de moins en moins bien… jusqu’à ne plus se sentir du tout. Alors il dit « je me sens mal » sans se rendre compte qu’il évoque simplement le fait qu’il a perdu contact avec lui-même, à qui il a cessé d’être sensible et perceptif à qui il est (« mal » pouvant signifier « absence de »*, « je me sens mal » signifiant alors qu’il y a absence de « me sentir ») : le sujet a réduit sa conscience (sa perception). Nous remarquerons que les praticiens en psychothérapie accompagnement leur patient vers le fait de « mieux se sentir », qui n’est finalement autre chose que de « redevenir sensible à soi-même ».

* « Mal, adjectif […] à considérablement décliné au sens de mauvais ». « Mal, adverbe […] D’abord placé devant un adjectif (1155) et  devant un verbe (1200) avec une valeur de négation totale » « L’expression mal en point […] d’abord appréciation  de nature quantitative (1661) est devenue aussi qualitative ». « Au XXe s. est apparu être en mal de , avec l’idée de "souffrance causée par une absence" » (Le Robert Dictionnaire historique de la langue française)

4.3Essence

Nous avons déjà abordé le mot « existence » (chapitre 2.2). Il devient désormais nécessaire de le préciser un peu plus, et aussi de le mettre en balance avec le mot « essence ». Vous vous souvenez que pour « ex-sistere », un être doit « se tenir en dehors » et que l’« ek-stase » est caractérisée par une grande ouverture ontique, à rapprocher de « béatitude » (béa=ouvert, béatitude=attitude d’ouverture).

L’essence, de son côté, désigne le plus profond de l’être, sans doute le cœur, au sens de « au centre » (comme l’âme dans le sens de « centre » utilisé pour parler du cœur du violon, cité au chapitre 3.1). Elle en est le souffle volatil (esprit, spiritus, pneuma). L’essence est une sorte de « principe de l’être » (ce qui le constitue), mais le mot est aussi utilisé pour désigner une appartenance (on parlera d’une « essence d’arbre » pour évoquer le groupe végétal auquel celui-ci appartient)

Le mot essence vient lui du latin « essentia » où nous reconnaissons « esse » qui est en rapport avec « être » (c’est « ce qui est »). Au XVIe siècle le mot « essence » équivaut à « existence », mais en alchimie, l’essence est « la substance la plus rare qu’on pouvait tirer de certains corps ». En chimie, elle est encore aujourd’hui extraite par distillation (même s’il existe d’autres procédés moins nobles, comme l’extraction par solvants). L’essence est extraite des plantes  en médecine, en aromathérapie, et en parfumerie, elle est extraite du pétrole pour le carburant ou pour divers produits nettoyants (comme le « white spirit » ou, pourrait-on dire, l’« esprit blanc » !). Les mots « esprit » et « essence » se rejoignent ainsi implicitement.

L’essentialisme médical nous dit vers 1864 que l’essence précède l’existence. Mais l’existentialisme philosophique de Jean-Paul Sartres (1905-1980) nous dit « l’existence précède l’essence ». Cela n’est pas faux du point de vue végétal ou minéral car on ne peut extraire l’essence que d’une plante ou d’un pétrole existants déjà. Mais évoquant l’Être, nous peinons à y voir si clair, et c’est ce qui fait débat. Y a-t-il d’abord un Être qui ensuite se retrouve en « existence »… ou bien y a-t-il d’abord une existence suivit de l’émergence d’un « Être », d’une essence.

Le mot « existence » (ex-sistere), signifie littéralement « sortir de, se manifester se montrer ». Si ce mot signifie vraiment « sortir de, se montrer », cela  implique que « cela qui se montre » (essence) précède le fait de se montrer (existence) !

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5       Les mots et l’ineffable

5.1Face à l’indicible

Nous avons exploré les mots : « conscience », « Être », « exister », « esprit », « Soi », « moi », « personne », « humain », « sujet », « esprit », « âme », « psyché », « quelqu’un », « essence », « existence »…

Avons-nous pour autant significativement avancé et mieux déterminé ce dont s’occupent les « psys » ? Ils doivent tous le préfixe de leurs  dénominations à Psyché… Ce choix lexical devrait-il nous éclairer ? Psyché, la terrestre de la mythologie qui est l’âme, le cœur, le centre, est ce qui fait vibrer le souffle céleste (spiritus) de Cupidon. Dans cette curieuse histoire tout se passe comme si le corps (terrestre) se trouvait être l’âme de l’Être (non terrestre), permettant au « souffle » (spiritus) de ce dernier de devenir musique.

Le propos semble inversé par rapport à ce qu’« on » en dit habituellement (attention de ne pas se soumettre à la « dictature du on ») car ici nous avons l’union en amour d’un « Être » (Cupidon) et d’une « Âme » (Psyché) faisant que l’Être a une Âme qui est un corps (et que « rendre l’Âme » pour un Être, serait « rendre son corps » !).

A chaque fois que des telles contradictions surgissent il est jubilatoire de pouvoir accéder à un mode de pensée différent (afin de ne rester coincé dans aucune ornière cognitive). Mais nous ne pouvons en déduire aucune vérité particulière, sinon que de nous laisser ouvrir la conscience à de l’inattendu. Nous devons aussi nous incliner devant le fait que tous ces mots, plus subtils les uns que les autres, ne nous donnent pas la réponse à notre question : « de quoi s’occupent les psy ? »

Un thérapeute doit son nom à l’origine grecque « thérapeuthês » qui n’était autre qu’un « serviteur,  adorateur »… quelle humilité et quel programme ! Il est utilisé en médecine seulement à partir de 1877.

J’ai écrit l’article « Les mots et les intuitions » (février 2010), afin de montrer que les mots ne sont pas anodins, et que leur choix est important pour exprimer ce qu’on souhaite partager. Même les synonymes ne sont pas équivalents et les choix sont subtils. J’ai noté dans cet article que le plus grand nombre des mots ne désigne que des choses, et que ceux touchant au domaine ontique (au domaine de l’être) sont assez rares (sans doute à peine plus de cent). Un peu comme si l’humain peinait à évoquer ce qui touche à l’être, comme s’il s’agissait d’une dimension qui lui échappe et que sa maturité ne l’a pas encore conduit à nommer de façon satisfaisante.

Tout se passe comme si « nous savions ce dont nous souhaitons parler » et comprenions en mode « intuition », mais ne disposions pas de mots clairs et satisfaisants pour l’énoncer.

Ce qui est certain, c’est que le « psy » s’occupe de quelqu’un, d’un individu ! Mais plus précisément, chez celui-ci, nous pensons intuitivement comprendre qu’il s’occupe de la psyché, de l’esprit, de la conscience et même de l’inconscient ! Dans tout cela, la psyché serait l’âme (ce qui anime), l’esprit serait le souffle (ce qui circule ou ne circule pas) et la conscience serait la perception (plus ou moins ouverte). Mais le « psy » s’occupe aussi de l’Être (le quelqu’un) dans son existence (manifestation) au niveau de son essence (ce qu’il a de plus subtil).

Malgré ces précisions, nous devons nous résoudre au fait que nommer ce qui appartient à une « autre dimension » n’est pas aisé. Si vous lisez le fameux « Flatland » de Edwin A. Abbott, vous découvrirez comment il suffit d’ajouter une dimension pour que tout change. Par exemple, en géométrie, avec une quatrième dimension vous voyez toutes les faces d’un volume tridimensionnel en même temps (sans en faire le tour) et l’intérieur aussi, sans avoir à entrer dedans. Ce sont là des considérations purement géométriques et aucunement fantaisistes. Quand Abbott nous montre son héros vivant dans  un monde à deux dimensions (plan) rencontrant un être vivant dans trois dimensions (espace) et que ce dernier lui révèle qu’il n’y a pas que les quatre points cardinaux mais aussi « en haut », le héros tente d’expliciter « "en haut" ? Tu veux dire "plus au nord qu’au nord" ? », car il n’y a dans son monde plan aucun mot prévu pour parler du « haut », du fait que le « haut » n’y existe pas. Nous sommes tout aussi ridicules quand, parlant d’une éventuelle quatrième dimension (dimension psychique ou spirituelle ?), nous choisissons de la placer « en haut » ou « en dedans ». L’intuition nous l’évoque, mais ni le vocabulaire, ni notre perception, ne nous permettent de la nommer de façon satisfaisante.

Les philosophes s’y emploient depuis des siècles ou millénaires, ainsi que les religieux, mais le thème est délicat, soulève les passions, et les mises en mots ont leurs cortèges de contradictions.

A notre époque, où l’objectivation a apporté sa richesse pour les études des « objets », la dimension subjective a été un peu délaissée, même par ceux qui étudient ce qui traite des « sujets » (que l’on tente vainement d’objectiver). C’est pourquoi j’utilise ce qui pourrait sembler un oxymore : « réalité subjective » (réalité perçue et éprouvée par le sujet). Cette notion de réalité subjective est importante, car c’est sans doute ce dont s’occupe le « psy » (approché dans la démarche nommée « phénoménologie », où le phénomène est ce qui est éprouvé par le sujet et non ce qui est objectivable).

L’objectivation de la science a conduit à la relativité générale (Albert Einstein) où le temps et l’espace ne sont finalement pas des réalités immuables, mais en interaction avec ce qui les « habitent »… et à la mécanique quantique (Werner Karl Heisenberg et Niels Bohr) où il apparaît que d’autres dimensions frappent à la porte : l’observateur modifie ce qu’il observe du simple fait qu’il l’observe, les particules séparées restent cependant en contact, intriquées (phénomène EPR), elles empruntent plusieurs chemins en même temps, ou traversent des obstacles sans les traverser, juste par probabilité de présence de l’autre côté (effet tunnel).

Même l’objectivation de la science nous amène à une certaine relativité et à des dimensions non explorées. S’il en est ainsi en physique, nous ne serons pas étonnés de rencontrer quelque chose d’analogue dans le domaine de la psychologie, où la tentative de pure objectivation ne peut qu’être très réductrice.

5.2En conclusion

Cet article n’a pas eu la prétention de donner des réponses définitives, mais de réaliser que l’utilisation des mots est délicate et que, même  si nous avons l’intuition de ce que nous souhaitons évoquer,  nous devons nous arrêter quelques instants pour nous comprendre, et ne pas nous quereller sur les dénominations.

Il est fascinant de parler de telles dimensions de vie, de laisser nos intuitions s’exprimer, de tenter des mots aussi justes que possible, d’explorer ceux qui existent et se prêtent le mieux à la justesse recherchée.

Il est aussi fascinant de voir combien des termes qui semblent clairs intuitivement sont en réalité emplis d’ambigüités et nourrissent d’inutiles querelles d’idées. Nous en retiendrons qu’il est prudent d’aller au plus près du sens de ces mots, de leur histoire à travers la pensée des humains de toutes les époques, de les croiser avec quelques regards scientifiques, et surtout de garder la fraîcheur de nos intuitions et de notre sensibilité ontique.

Quand nous parlons d’âme, serons-nous éclairés par la transcendance de René Descartes qui nous dit être assuré d’être une âme car « il doute »*, mais pas tellement d’avoir un corps (même s’il le sent) car rien ne prouve que le corps qu’il sent existe… du fait que des amputés sentent des membres qu’ils n’ont plus**.

*Recherche de la vérité par la lumière naturelle -Œuvres complètes - Pléiade, Gallimard, 1999,pp 892-898)
**
Méditation sixième –Œuvres complètes - Pléiade, Gallimard, 1999, p.322).

Serons-nous éclairés par l’immanence d’Epicure (et de ses atomes) qui nous dit que les « plaisirs » de l’âme comptent plus que ceux du corps (pareillement pour les « souffrances »), car ceux-ci existent au-delà du temps, alors que ceux du corps ne sont que dans le présent (Geneviève Rodis-Lewis, 1975, p.266).

Serons-nous mieux renseignés par Denis Noble (chercheur en génétique systémique) qui différencie le cerveau qui est un objet et le « je » qui est un sujet en précisant :

« Mes neurones sont des objets, mon cerveau est un objet, mais ”je“ ne se trouve nulle part. Cela ne signifie pas qu’il n’est pas quelque part » (2007, p. 209).

Lera Boroditsky, professeur de psychologie cognitive à l’université de Stanford en Californie nous dit : 

« Chaque langue apporte sa "trousse à outils cognitive" et renferme la connaissance et la vision du monde développées au cours de plusieurs milliers d’années dans une culture. Elle contient une façon de percevoir le monde, de l’appréhender et de lui donner une signification, et représente un guide que les ancêtres ont développé et perfectionné. Les recherches sur la façon dont les langues parlées modèlent la pensée permettent aux scientifiques de découvrir comment l’homme crée la connaissance et construit la réalité » (« Pour la science » septembre 2011, p.34).

Une multitude d’auteurs pourraient être cités… nous nous contenterons de ceux-ci. Les lecteurs qui ont une vision ontique orientée vers le spirituel, vers une transcendance, resteront peut-être ici sur leur faim, tout autant que ceux pour qui ces termes doivent purement et simplement être objectivés et rester dans l’immanence. Pourtant, il semblerait que la transcendance ne soit au fond qu’une immanence incluant une dimension supplémentaire ! Restant humbles concernant cela, nous nous contenterons ici de prendre en compte l’histoire et l’usage de ces mots pour nous approcher de ce qu’ils tentent de  nous désigner.

Ces quelques pages n’ont pas eu pour but de donner des réponses absolues ou des vérités définitives concernant le sens profond de ce vocabulaire existentiel. L’objectif était seulement d’ouvrir la pensée à des possibilités nouvelles (ouverture de conscience), quelque soit le point de départ du penseur. Si cela conduit simplement quelques personnes à pouvoir s’écouter avec souplesse à ce sujet, même quand elles pensent différemment, nous pourrons dire que ce but est atteint.

 

Thierry TOURNEBISE

 

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Bibliographie

Considération intempestive – GF Flammarion, 1988

Descartes René
-Œuvres complètes –Pléiade, Gallimard, 1999, p.322).

Jung, Carl Gustav
-Ma vie -Folio  Gallimard, 1973)

Heidegger, Martin
-Être et temps – Gallimard 1986

Freud Sigmund,
-Le narcissisme -Tchou Sand, 1985

Maslow Abraham
-Etre humain - Eyrolles, 2006
-Devenir le meilleur de soi-même – Eyrolles, 2008

Noble, Denis,
-La musique de la vie, La biologie au-delà du génome - Seuil, 2007.

Rodis-Lewis Geneviève
-Epicure et son école –Gallimard, 1975

Rabelais, François
-Œuvres   complètes - Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Bruges1962

Tournebise, Thierry
-Le grand livre du psychothérapeute – Eyrolles, 2011

Dictionnaires

Dictionnaire historique de la langue française – Alain Rey – Robert 2004

Grammaire du français – R.L. Wagner, J.Pinchon– Hachette1991

Trésors des racines grecques – J. Bouffartigue, A.M. Delerieu –Belin 1981

Revues

Boroditsky, Lera
-Pour la science
– n°407 septembre 2011

Liens externes au site

Abbott, Edwin
-
Flatland    http://www.ebooksgratuits.com/pdf/abbot_flatland.pdf 
Edition du groupe « Ebook libres et gratuits » -1884http://www.ebooksgratuits.com

Liens internes au site

« De l’espace et du temps » d’avril 2009
« Irrépressible quête d’origines »
juillet 2011
« Le ça, le moi, le surmoi et le Soi »
novembre 2005
« Les mots et les intuitions »
février 2010

« Le ça, le moi, le surmoi et le Soi »
novembre 2005
« Abraham Maslow » octobre 2008

« Validation existentielle »
septembre 2008

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